En août 2022, cela fera dix ans que le rover Curiosity (Nasa) étudie la géologie et l'habitabilité passée du cratère Gale, sur Mars. À son bord, l'instrument ChemCam continue ses mesures de composition chimique, et a permis de constituer une base de données de près de 870 000 spectres LIBS acquis tout le long du trajet du rover. ChemCam collecte aussi des spectres de réflectance dans le visible, et des images haute résolution des affleurements distants.
ChemCam a mesuré la composition de tous les types de matériaux géologiques rencontrés par Curiosity : le bedrock (essentiellement sédimentaire à Gale) ainsi que ses figures diagénétiques (veines, concrétions, etc.), les sols et les dunes de sable, la poussière, ou encore les roches allochtones (y compris les météorites).
Concernant le bedrock, les résultats de ChemCam ont mis en évidence un changement de régime d'altération aqueuse entre la formation Yellowknife Bay, rencontrée au début de la mission sur la plaine d'Aeolis Palus, et la formation Murray, qui comprend plusieurs centaines de mètres de strates à la base d'Aeolis Mons. À l'altération isochimique de la première, s'oppose l'altération en système ouvert de la seconde, marquée par le lessivage partiel des éléments les plus mobiles. Ce contraste chimique est corrélé à un changement dans le type de minéraux argileux détectés par DRX : smectites trioctaédriques à Yellowknife Bay, dioctaédriques dans Murray.
Plus récemment, les mesures de ChemCam ont permis de montrer que la région de Glen Torridon, où les signatures spectrales de minéraux argileux sont les plus nettes depuis l'orbite, ne correspond pas à une zone d'altération plus intense par rapport au reste de la formation Murray. Cela implique que les signatures orbitales ne sont pas contrôlées uniquement par la quantité de minéraux argileux, mais également par d'autres facteurs tels que la couverture de poussière et la structure des affleurements.
Curiosity poursuit actuellement l'exploration d'Aeolis Mons, et notamment la caractérisation de la transition argiles-sulfates, où ChemCam est particulièrement adapté à l'étude des dépôts de sels et de leur distribution. La Nasa a récemment approuvé une nouvelle extension de mission, jusqu'en 2025.