Connaître les modes de transport des magmas et leurs échelles de temps dans le manteau supérieur est une étape cruciale pour la compréhension des processus magmatiques et de leurs signatures géophysiques et géochimiques. Alors que les magmas carbonatés, formés par de faibles taux de fusion des roches mantelliques, sont probablement très répandus dans l'asthénosphère, leurs conditions de migration vers la surface restent mal connues. Dans un projet soutenu par le PNP, nous avons étudié la cinétique de migration de liquides carbonatés au travers d'une matrice solide de silicates (i.e. minéraux de péridotites) grâce à une méthode innovante de tomographie 4D de rayons X sous conditions PT extrêmes. Ces expériences ont permis de mesurer des vitesses d'infiltration des liquides carbonatés et d'explorer l'effet de la déformation (i.e. cisaillement) sur la géométrie et l'efficacité du transport. Ces résultats confirment et précisent la forte mobilité des liquides carbonatés mais montrent également leur extrême réactivité chimique, observable à l'échelle expérimentale en quelques minutes. Ces réactions se traduisent par la néoformation de clinopyroxènes et d'olivines secondaires typiques du processus de wherlitisation. Ces réactions métasomatiques sont analogues à celles observées dans certaines xénolithes mantelliques (Kerguelen, Mt Vulture). A plus long terme, l'objectif de ces travaux est de construire un modèle de transport réactif explorant les interactions entre la physique de l'écoulement et la réactivité chimique de ces liquides carbonatés.